Rubeena Ratcliffe fait partie de ces artistes qui ressemblent à leurs oeuvres. Sa peinture est vibrante, colorée et structurée, exactement comme elle. Vive et solaire. Son univers repose sur des fondations solides qui l’inspirent au quotidien : ses trois enfants, son mari et sa soeur jumelle, Tina. Une part d’elle-même qu’elle dévoile notamment sur son site internet et sa page Instagram, où il n’est pas rare qu’apparaissent, une fois sur deux, des petites têtes brunes devant les peintures de leur mère… Découverte.
Quelques années, un mariage et deux enfants plus tard, je me suis retrouvée dans le rayon d’un magasin à acheter, sur un coup de tête, les plus grandes toiles disponibles. Elles étaient si grandes que j’ai dû demander au vendeur de m’accompagner jusqu’à ma voiture !

Femmes d’art. Pour ceux qui ne vous connaissent pas, qui êtes-vous ?
Rubeena Ratcliffe : Je m’appelle Rubeena Saran, de mon nom de jeune fille, mais on me surnomme depuis toujours “Bina”. Je suis artiste peintre canadienne. Née à Edmonton, j’habite aujourd’hui à Vancouver, mais je suis originaire d’Inde par mes parents.
Femmes d’art. Quel est votre parcours ?
Rubeena Ratcliffe : Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours beaucoup aimé peindre et dessiner. Par chance, j’étais inscrite dans un lycée qui proposait un programme de design industriel. Ça m’a tout de suite plu. Plus tard, je suis donc partie à l’université d’Alberta pour étudier l’histoire de l’art et le design industriel. J’apprenais – entre autres – à découper et souder des morceaux de métal, ce que j’adorais, mais qui laissait mes parents assez… sceptiques ! Quelques temps plus tard, sans leur dire, j’ai postulé pour entrer dans une école d’architecture à l’autre bout du pays. Le programme permettait à tous les étudiants de partir à l’étranger, et c’est grâce à cela que j’ai pu découvrir trois pays différents, construire des amitiés solides et tomber amoureuse de celui qui est aujourd’hui mon mari, Jeff Ratcliffe. J’ai été diplômée en 2007, un an avant la crise. Ce n’était pas une très bonne période pour l’architecture… Je me suis retrouvée à faire un stage en archi et en parallèle, j’ai commencé tout doucement à peindre chez moi le soir. J’ai fait quelques pièces pour ma famille et mes amis… Et puis, en 2010, j’ai quitté mon stage pour faire du design d’espace dans un programme d’art dédié aux enfants. Quelques années, un mariage et deux enfants plus tard, je me suis retrouvée dans le rayon d’un magasin à acheter, sur un coup de tête, les plus grandes toiles disponibles. Elles étaient si grandes que j’ai dû demander au vendeur de m’accompagner jusqu’à ma voiture ! J’ai descendu le tout dans notre sous-sol, et je m’y suis remise. C’était revigorant et libérateur ! Et puis petit à petit j’ai été approchée par des designers et des décorateurs d’intérieurs qui souhaitaient emprunter mes créations pour des shooting ou les acheter pour leurs clients. Puis mes pièces ont commencé à être présentées dans des galeries à Vancouver et aux Etats-Unis.

Courtesy of the artist.
Femmes d’art. Quel est votre processus de création ?
Rubeena Ratcliffe : Je dessine beaucoup, je me balade d’ailleurs toujours avec des petits carnets qui me permettent de jeter rapidement mes idées sur papier. J’y note toutes mes inspirations, à l’aide de formes ou avec des mots. Par exemple, si je croise une dame dans la rue habillée d’un incroyable manteau coloré, je note : “jaune moutarde, bleu, sable” et gribouille la scène. Et puis, généralement avant de dormir, je me replonge dans mes carnets et mes dessins pour voir ceux qui pourraient devenir une toile ! Enfin, je me mets au travail… Il m’arrive souvent de demander son avis à mon mari, ou de peindre à côté de mes enfants pendant qu’ils jouent. Il leur est d’ailleurs souvent arrivé d’y aller de leur petit coup de crayon !
Femmes d’art. Travail ou vocation ?
Rubeena Ratcliffe : Vocation, définitivement !
Femmes d’art. Comment définiriez-vous votre travail ?
Rubeena Ratcliffe : Libre, un peu comme un endroit où je peux m’échapper… et abstrait !
Femmes d’art. Quelles sont vos inspirations ?
Rubeena Ratcliffe : Je les tire de beaucoup de choses ! Ma famille bien sûr, ma soeur jumelle, dont je suis très proche, ma mère, mes tantes, mes amis, les gens autour de moi, les autres artistes, cultures, mais aussi la mode, les motifs de certains vêtements, les paysages, la ville…

Courtesy of the artist.

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Femmes d’art. Laquelle de vos créations préférez-vous ?
Rubeena Ratcliffe : Je dirais, les plus grandes ! Peindre sur le sol est ce que je préfère… J’adore utiliser tout mon corps, et être aussi au même niveau que mes enfants. Quand ils sont dans la même pièce que moi, cela nous permet de papoter en même temps que je travaille. On parle de mes peintures mais surtout des prochaines applications à télécharger sur notre iPad… (rires).
Femmes d’art. Avez-vous le sentiment que le fait d’être une femme impact votre travail ?
Rubeena Ratcliffe : Oui, absolument. Je pense qu’être une femme, mais aussi une mère, impact mon travail, mais d’une façon positive. Avoir mes trois enfants qui me regardent pendant que je peins est exaltant. Et cela me rend fière.
Femmes d’art. Si vous deviez recommander une femme artiste…
Rubeena Ratcliffe : Helen Frankenthaler. J’aime ses mots, son travail. C’était une femme brillante.
Femmes d’art. La dernière expo que vous avez vu ?
Rubeena Ratcliffe : Cindy Sherman à la Vancouver Art Gallery.
Femmes d’art. Quelque chose à ajouter ?
Rubeena Ratcliffe : Vous êtes sûre ? Je risque de ne pas m’arrêter !
Retrouvez Rubeena Ratcliffe sur son site internet et sa page Instagram.
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