Il y a cinquante ans, c’était crucial pour une petite fille de se dire : Je veux être peintre, mais quand je vais dans les musées, je ne vois jamais de noms d’artistes femmes.
Cette semaine, je vous emmène à la rencontre d’une artiste qui me touche profondément : Agnès Thurnauer. Agnès est peintre et plasticienne, elle évolue entre la peinture, le collage, la sculpture, et ses œuvres alternent abstraction et figuration ; elle s’inspire beaucoup des mots, dont chacun a une importance particulière pour elle, elle explore aussi l’histoire de l’art, et y questionne la place des femmes. Ses œuvres les plus emblématiques sont très reconnaissables : de grands tondi, qui ressemblent à des badges géants, sur lesquels sont écrits des noms d’artistes dont le genre est inversé : cela donne par exemple « Louis Bourgeois » ou encore « Francine Picabia ».

C’est d’ailleurs très jeune qu’Agnès Thurnauer se pose la question, à une époque où les modèles d’artistes femmes manquent cruellement : mais pourquoi donc les femmes artistes sont-elles absentes des musées ? Alors qu’elle est en CE1, elle pose même la question à son institutrice, qui la regarde les yeux écarquillés. Sa conscience se développe, et elle se met en quête de ces femmes, qu’elle trouvera, et qu’elle place aujourd’hui au cœur de son travail.
Dans cet épisode, nous parlons de tout cela. Agnès Thurnauer me raconte aussi comment, pendant de longues années, de son diplôme des arts décos à l’aube de ses quarante ans, elle s’est isolée dans la chaleur de son atelier pour créer, sans quête d’une quelconque célébrité. Pourtant, du jour au lendemain, elle se retrouve propulsée dans de très belles expositions, au Palais de Tokyo notamment, où elle est l’une des premières peintres à être présentée.
On avance dans une société lorsque cela gêne. Par extrêmisme, on trouve cela contraignant, mais c’est la seule façon d’alerter les esprits et que l’on ne revienne pas en arrière. L’histoire est spécialiste des retours en arrière.
Mais elle me raconte aussi comment, arrivée à la quarantaine justement, elle a connu ce creux que de nombreuses autres artistes connaissent : plus assez jeune pour plaire aux défricheurs, mais pas encore assez chenue pour bénéficier d’un revival, comme l’a écrit une journaliste à son propos.
Cet épisode est doux et poétique, à l’instar d’Agnès, et j’espère qu’il vous plaira.
Bonne écoute !
Pour en savoir plus sur Agnès Thurnauer : www.agnesthurnauer.net
Pour retrouver Agnès Thurnauer sur Instagram : www.instagram.com/agnesthurnauer
Crédits : Femmes d’art est un podcast produit et réalisé par Marie-Stéphanie Servos
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